6 points clés à retenir de Demandez à l’expert : (in)justice raciale et cannabis
Le 21 janvier 2021, j’ai eu le plaisir de coanimer la table ronde en ligne d’Explorer le lien Demandez à l’expert : (in)justice raciale et cannabis avec Kiah Ellis-Durity, animatrice de projet et chercheuse chez Cannabis & Psychose.
Cannabis & Psychose a organisé l’événement virtuel en partenariat avec YouthREX et Étudiant.es canadien.nes pour les politiques éclairées sur les substances psychoactives. Le panel comprenait Jordan Brant, un défenseur Kanien’kehá:ka (Mohawk) de l’éducation sur le cannabis, Chuka Ekeckham, étudiante diplômée en sciences politiques et associée de recherche et Chantal Phillips, étudiante en médecine et assistante de recherche YouthREX.
Cet événement a offert aux membres du public l’occasion de poser des questions centrées sur les (in)justices raciales et le cannabis. Il a également créé un espace pour réfléchir sur l’impact historique de la prohibition, considérer la santé mentale dans une optique antiraciste et aborder les problèmes qui affectent de manière disproportionnée les communautés Autochtones et Noires.
Voici les 6 points clés de la discussion :
1. Héritage des lois sur les drogues au Canada
Le Canada a criminalisé le cannabis pendant la période coloniale afin de priver les communautés marginalisées de leurs droits. Historiquement, les communautés Autochtones et Noires étaient considérées comme des voyous et des criminels. La criminalisation du cannabis a à la fois renforcé ces préjugés raciaux et a garanti que les Noirs et les Autochtones étaient poursuivis agressivement pour des accusations de possession, même mineures. En plus de subir la violence du système carcéral lui-même, le fait d’avoir un casier judiciaire a créé un plafond économique qui a rendu difficile pour les personnes Noires et les personnes Autochtones d’accéder à des opportunités d’éducation et de carrière.
Afin de faire face aux impacts de la prohibition ciblant de manière disproportionnée les communautés Noires, Autochtones et autres communautés marginalisées, le gouvernement devrait mettre en œuvre des politiques d’amnistie qui annulent les condamnations antérieures pour cannabis.
2. Rectifier les méfaits de l’interdiction
Les programmes de réparation sont souvent présentés comme le seul moyen d’atteindre la justice raciale, mais ils ne rattrapent pas le temps perdu ni l’impact durable de la criminalisation sur les communautés racisées. L’industrie du cannabis ne devrait pas être la seule perspective de carrière pour les membres des communautés Autochtones et Noires condamnés. Il est important d’examiner l’impact historique de la guerre contre la drogue et de reconnaître que pour renverser les effets de la prohibition, il faudra des efforts concertés et une action déterminée.
Le gouvernement et les entreprises privées devraient fournir des ressources supplémentaires pour faire face aux méfaits de la prohibition. En Ontario, seul un petit nombre d’Autochtones se joignent aux producteurs et aux détaillants de l’industrie du cannabis. Le gouvernement devrait donner la priorité aux licences de cannabis pour les personnes des communautés Noires et Autochtones comme forme de réparation.
3. Cannabis et méfiance dans le système de santé
Afin de prescrire du cannabis médical, les médecins doivent avoir confiance que leurs patients ont besoin d’ordonnances pour gérer la douleur. En raison des stéréotypes et du racisme institutionnalisé au sein du système de santé, les médecins et autres fournisseurs de soins de santé soupçonnent souvent les patients Noirs et Autochtones d’avoir des problèmes de toxicomanie lorsqu’ils recherchent des services de santé. En conséquence, ces patients sont moins susceptibles d’avoir accès aux prescriptions de cannabis médical dont ils ont besoin.
Les étudiants en médecine, les résidents et les médecins devraient être formés pour reconnaître les préjugés et suivre les meilleures pratiques lorsqu’ils soutiennent les patients dans la gestion de la douleur. Il est important que les médecins comprennent le pouvoir de leurs prescriptions.
4. Cannabis et santé mentale
En plus du racisme systémique dans le système de santé, la stigmatisation associée à la santé mentale a dissuadé de nombreux membres des communautés Autochtones et Noires de demander du soutien. La consommation de cannabis est souvent considérée comme un moyen alternatif de faire face aux problèmes de santé mentale, mais il est important de se rappeler que la légalisation ne garantit pas la sécurité de cette pratique.
Le gouvernement devrait développer des ressources ciblées en santé mentale pour gagner la confiance des communautés Noires et Autochtones et s’assurer qu’elles ont accès aux soins dont elles ont besoin.
5. Le consommateur de cannabis conscient
C’est ici qu’interviennent les consommateurs : les individus doivent faire preuve de diligence raisonnable lorsqu’ils achètent des produits à base de cannabis en identifiant si un produit provient d’une entreprise ou d’un producteur local. Étant donné que les groupes Autochtones conservent moins de 1 % de la propriété foncière au Canada, ils sont limités dans leur capacité à cultiver du cannabis, ce qui, à son tour, limite leur potentiel économique.
Soutenir les détaillants locaux qui sont détenus ou gérés par des personnes de couleur ou des producteurs Autochtones est un petit moyen par lequel les consommateurs conscients peuvent tirer parti de leur dollar pour encourager un changement systémique.
6. Améliorer l’éducation au cannabis
Enfin, il est important d’engager des conversations sur le cannabis à un plus jeune âge afin de démystifier la désinformation et les mythes nocifs sur le cannabis. Par exemple, certains jeunes croient que « retenir de la fumée donne un meilleur effet », mais en réalité, cette pratique ne change pas les effets du cannabis et est plus nocive pour les poumons que des inspirations plus courtes.
Il est nécessaire d’adopter une approche pragmatique et réductrice des méfaits de l’éducation sur le cannabis du point de vue de la santé publique et de la justice pénale. Les jeunes peuvent bénéficier de ressources qui les informent sur leurs droits et les aident à naviguer dans le système judiciaire, en particulier lorsqu’ils sont susceptibles d’être confrontés au racisme systémique.
Pour en savoir plus sur le cannabis, consultez Cannabis and Youth: A Certificate for Youth Workers (Cannabis et jeunesse : un certificat pour les travailleurs des services à la jeunesse) et accédez à des ressources supplémentaires ci-dessous, ou dans la collection en vedette sur le Centre de connaissances.